PISTE ROUTE

Le feuilleton de Glasgow Day Six : Vive la mixité !

Ce fut un mardi nettement ensoleillé à Glasgow. Pour ce qui concerne le ciel, en tout cas. Car l’ombre des nuages est bientôt passée sur les résultats de nos sprinters. Vitesse individuelle Dames, Kilomètre, Keirin masculin, nous ne fûmes pas à la fête. Sur la route en revanche, le relais mixte s’est bien amusé, et a frôlé l’exploit, ne manquant l’or que pour 7 secondes.

Le dernier carré reste fermé

Il faut admettre – et c’est sans doute une capacité précieuse – la perplexité de certains commentateurs. À l’heure du lunch, reprenait le tournoi de vitesse individuelle féminine, au stade des 1/8e de finale. Marie-Divine Kouamé a buté sur Sophie Capewell, dont il suffirait de décliner la nationalité britannique pour comprendre qu’elle représentait un obstacle de taille. Mathilde Gros en revanche, nous rassurait, remportant un beau match contre la Canadienne Kelsey Mitchell, la championne olympique de la discipline, et se qualifiant pour les quarts.

Mais le parcours de la championne en titre s’arrêterait une heure plus tard, quand la Française serait défaite deux fois consécutives (à partir des quarts, les qualifications s’effectuent au meilleur des deux manches) par l’Allemande Lea Sophie Friedrich.

Le douzième temps et la non-qualification de Melvin Landerneau, interroge aussi – à 2’’5 de Jeffrey Hoogland Melvin Landerneau n’irait pas non plus en phase finale.

Les données recueillies par le staff français laissent entendre une double explication : le niveau de performance des adversaires a clairement monté d’un cran, pendant que celui de nos athlètes se situe légèrement en-dessous de ce qu’il était l’an passé à Saint-Quentin-en-Yvelines.

Pour autant, est-ce un optimisme de façade ? Mathilde s’est refusée à tout abattement devant les micros tendus en zone mixte : « Je suis déçue, je voulais atteindre au moins le carré final. Mais je ne suis pas morte, il faut relativiser. Pour moi Glasgow était le plus gros objectif de l’année, et je ne me cherche surtout pas d’excuse, je crois que face à Friedrich j’ai péché sur le plan technique et tactique. Il va falloir regarder les vidéos pour comprendre ce qui s’est passé. Ce que je peux dire maintenant, c’est que, comme toujours l’année qui précède les Jeux, le niveau a augmenté, que cette fois-ci nous ne jouons pas à domicile. Mais ce sera à nouveau le cas en 2024, justement. Et peut-être que, dans cette perspective, il n’est pas plus mal de se faire oublier un peu. Ce qui est fait est fait, de toute façon. »

La mixité, un régal

Le relais mixte reste une épreuve jeune, dont la première édition ne remonte qu’à 2019. Et celle de 2020 n’ayant pas eu lieu, Glasgow était aujourd’hui le théâtre de la quatrième. Mais déjà, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suisse lui ont donné ses lettres de noblesses et, à défaut d’être encore une priorité pour les grandes nations du cyclisme, elle est prise au sérieux. La composition des équipes est d’ailleurs parlante. Pour nous en tenir aux deux premières du classements : la Suisse alignait Stefan Küng, Stefan Bisseger et Mauro Schmid côté garçons, Marlen Reusser, Elise Chabbey et Nicole Kreuger pour les filles ; et les trios français se composaient de Bruno Armirail, Remi Cavagna et Bryan Coquard d’abord, puis d’Audrey Cordon-Ragot, Juliette Labous et Cédrine Kerbaol.

Le principe est simple – et la pratique difficile : pour chaque nation, un trio de coureurs masculins boucle une première fois le circuit, relayé par un trio féminin qui effectue la même distance : à la seconde (que dis-je ? au 1/1000e de seconde) où les hommes passent la ligne, les filles qui se tiennent prêtes sur la rampe de départ voient le feu vert. Le tracé de 20,1km (à parcourir deux fois, donc) était calqué sur le circuit final de la course en ligne. Il était donc particulièrement technique, et n’exigeait pas seulement de savoir tirer de longs bouts droits, il fallait aussi savoir virer, doser la prise de risque, et rester homogène bien sûr.

Thomas Voeckler ne boude pas son plaisir : « Il y a une émulation toute particulière pour cette épreuve mixte, aussi bien du côté des staffs que de celui des coureurs. »

Bryan Coquard confie s’être « amusé sur ce parcours technique convenant à mes qualités » et « apprendre des filles, dont l’approche est vachement professionnelle. » L’équipe de France occupa longtemps le hot seat, ce dont Coquard s’amuse encore : « la pole position dans un contre-la-montre, je ne peux pas dire que ça m’arrive souvent ! » riait-il, avant de conclure : « C’était génial. »

Le détour manqué

Aujourd’hui, nous n’avons pas fait de détour par le Green Park, où c’était qualifs pour les hommes du Freestyle Flat. On a sans doute eu tort, car quatre (Matthias Dandois, Joris Bretagnolles, Julien Baran, Alexandre Jumelin) de nos cinq Français se sont qualifiés pour les demies qui auront lieu demain, tout comme les qualifications des filles. Et puis aussi parce qu’aujourd’hui il faisait grand beau sur Glasgow.

Enfin, au vélodrome, nos équipes de France ont vécu des moments difficiles. Si Sébastien Vigier a finalement gagné son billet pour les quarts de finale du keirin, il a dû passer par le repêchage.

Sur l’Américaine hommes, qui clôturait la journée, la paire Benjamin Thomas-Thomas Boudat, qui comptait parmi les favoris, a connu un « jour sans », et eu affaire à une densité de niveau (Néerlandais, Danois, Belges, Britanniques) qui ne pardonne pas. Un Boudat extrêmement déçu résumait la situation ainsi « Il aurait fallu qu’on soit à 110%, et on était à 90%. » Il faut regarder vers l’avenir.

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