Le feuilleton de Glasgow, Day Nine : Un vététiste baudelairien en argent, une initiation au cyclisme en salle.
En apparence, la course XCO espoir n’a pas souri à Adrien Boichis, qui sait pourtant avoir parfaitement fait. On a fini la journée dans les gradins surchauffés du cyclisme en salle, artistique et à balle, et on a découvert un monde.

Prends ça dans ton dictaphone !
Yvan Clolus nous avait dit un mot du circuit. Schématiquement, c’est un tracé en deux parties, dont la première en sous-bois et en montées comprend force racines et passages techniques, créera sans doute les différences ; alors que la deuxième moitié est plus à découvert, plus roulante, avec des descentes rapides type bike park, et qu’il devrait être plus difficile d’y provoquer des cassures ou des différences. « C’est un circuit très nerveux, où alternent des sprints d’une minute et des moments de temporisation, ça donne des bagarres très serrées », dit le head coach du VTT français. Même si la pluie annoncée pour les courses élite pourrait changer (un peu) la donne.
C’est exactement ce qui s’est passé lors de la course espoirs hommes, où Adrien Boichis décroche la médaille d’argent, ne manquant au fond la victoire que d’un souffle, battu par un adversaire un peu, mais à peine plus fort que lui. L’espoir (au grand sens du terme) français avait le cœur serré d’être passé si près du titre, tout en se déclarant parfaitement heureux (on ne le dit pas assez : on peut très bien être triste et joyeux en même temps.) « J’ai fait une super course. J’ai été intelligent dans mes placements, dans ma gestion de l’énergie, et puis au dernier tour, l’Anglais a été un peu meilleur que moi dans la montée. Même s’il y a 13’’ sur la ligne, parce que j’ai fini par lâcher l’affaire les derniers mètres, ça s’est joué à presque rien. Donc c’est une drôle d’impression de voir qu’on perd pour si peu, mais je sais que j’ai fait tout ce que je pouvais faire. Je suis heureux de ma préparation, de ma course. »
Car Adrien tient à mettre les choses dans le bon ordre : il aime la compétition, ça représente beaucoup pour lui – et c’est pour ça qu’on l’a vue si ému à l’arrivée – mais il dit qu’on fond le résultat est presque secondaire, et que l’important, c’est d’avoir fait les choses bien. Tête bien faire s’il en est, quand on lui parle des espoirs placés en lui, il a cette fulgurance poétique : « Je me contente de suivre mes rêves, ils connaissent le chemin. » Et toc, journaliste, prends ça dans ton dictaphone !

Quant aux filles, même si la malchance n’y est pas pour rien, elles sont passé un peu à côté. Même si nous mesurons parfaitement la valeur sportive d’une 7e (Laurianne Durrafourg) 10e (Noemie Garnier) ou 11e place (Line Burquier, qu’on voyait au moins sur le podium.) Mais perdre une course n’entame en rien le talent.
Des gradins surchauffés

Ici on se dit tout. Ce soir on a connu notre première fois. Ça s’est passé à « l’Emirates Arena » (il faut bien appeler les choses par leur nom de marque), cette immense structure qui abrite aussi le vélodrome. C’est la première fois qu’on assistait à un championnat mondial de cyclisme en salle. Et on a été médusé. Aussi bien par les performances physiques et la poétique circassienne des cyclistes artistiques, que par l’agilité des cycleballeurs. La prochaine fois que Mathieu Van der Poel repoussera d’une pichenette de la roue arrière un bidon abandonné sur la route, on fera les blasés. Parce qu’on a vu des matches de cycle-ball, et les frères Seyfried (l’équipe de France : le cycle-ball se joue par équipe de deux) résister aux Allemands, dribler, balancer des patates en coup-franc et tirer des corners, sans lâcher le guidon ni poser le pied.
Qui plus est, on a assisté à tout ça depuis une tribune déchaînée ou le reste de la délégation française donnait de la voix, envoyait du klaxon et roulait du tambour (oui !) On n’est pas étonné d’apprendre qu’en Allemagne, le cyclisme en salle se joue à guichet fermé. Ma parole, on y retourne dimanche, y regarder de plus près, et on vous tient au courant.
