L’Armée de Champions accompagne l’entraîneur Michaël d’Almeida
Le sport et la vie militaire présentent des affinités profondes. À travers le dispositif Armée de Champions, les Armées et la Gendarmerie Nationale apportent un soutien financier et moral aux athlètes dont elle attend en retour une loyauté affichée aux valeurs ascétiques de « militarité. » Le Maréchal des Logis Michaël d’Almeida, fier d’être militaire, a vu son contrat récemment prolongé. L’armée l’accompagne sur le chemin de la reconversion.

Au-delà des clichés et des éléments de langage, le sport et la guerre entretiennent des affinités profondes.
La guerre ne se résume pas à la libération désordonnée de pulsions destructrices. Non seulement son but ultime est toujours la paix, mais elle se fonde sur le droit et sur un ensemble de règles et de valeurs. C’est ainsi qu’à la fin du XVIe siècle, le juriste italien Alberico Gentili a pu la définir comme « conflit armé, public et juste. » Au point qu’inversement, c’est le sport qu’on présente souvent comme sa forme symbolique la plus évidente.
Sport et armée : des valeurs communes
Le Centre National du Sport et de la Défense (CNSD) et le dispositif « Armée de Champions » incarnent donc cette communauté de valeurs. Le sport est consubstantiel à l’activité militaire.
Pour le Général Arnaud Dupuy de la Grand’Rive, commissaire au sport militaire, sa pratique vise à rien moins qu’à l’acquisition de « la supériorité opérationnelle sur l’adversaire. » Or, si tout soldat est un sportif, l’inverse n’est pas moins vrai, au moins pour ce qui concerne le sport d’élite : en tant qu’ils représentent la France sur les champs de bataille symboliques que sont les compétitions internationales, nos meilleurs athlètes sont des soldats.
Un soutien et des attentes
C’est là tout le sens du soutien que les Armées et la Gendarmerie nationale apportent au sport français, et plus précisément à ces athlètes qui, susceptibles de porter au plus haut les couleurs nationales, ne sont pas professionnels pour autant. « Plus qu’un salaire, l’Armée leur donne un statut social, explique le chef de bataillon François Sentagne, commandant le Bataillon de Joinville. En échange de quoi, car il ne s’agit pas de venir à la gamelle, ils s’engagent solennellement, comme tout soldat, au respect d’un code éthique, et ont un certain nombre d’obligations concrètes. Une fois par an, ils participent à un stage d’acculturation militaire, au cours duquel ils vivent sous la tente et pratiquent aussi bien la course d’orientation que la piste d’audace ou la natation opérationnelle [en treillis, ndr.] Ils sont parfois accueillis par des unités de forces spéciales, dont les membres sont, de fait, des athlètes de haut niveau. Ils ont aussi plusieurs missions de représentations, qui sont évidemment autant d’occasions de faire valoir ce que leur statut militaire leur apporte. »

Une aide efficace
Une convention signée en septembre 2019 (entre les ministères des Sports, des Armées, de l’Intérieur et la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées) a permis à l’Armée de Champions de presque doubler ses effectifs, dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Aujourd’hui 207 athlètes, dont 34 paralympiques en bénéficient. Parmi eux, douze cyclistes, toutes disciplines confondues.
« Il est remarquable, poursuit le chef de bataillon François Sentagne, que de nombreux athlètes enregistrent une forte progression de leurs performances dans l’année qui suit la signature de leur contrat. » Ce n’est pas le sergent Sylvain André, devenu champion du monde de BMX Race dans la foulée de son intégration, qui en disconviendra.
Non que l’Armée ne tire aucune fierté – bien au contraire – des résultats obtenus. Mais, pour peu que les athlètes jouent le jeu, une hiérarchie bienveillante les accompagne de son mieux sur le chemin de la reconversion. Ainsi de Michaël d’Almeida, dont le contrat avec l’armée remonte à 2010, et vient d’être prolongé d’une année supplémentaire, au-delà de la carrière sportive proprement dite.

Michaël d’Almeida, accompagné sur le chemin de la reconversion
Double médaillé olympique (d’argent à Londres en 2012 et de bronze à Rio en 2016) et champion du monde (à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2015) en vitesse par équipe, Michaël d’Almeida est récemment devenu l’assistant de Grégory Baugé, head coach du sprint français.
« Ainsi l’Armée prend-elle en charge son salaire, et la FFC finance-t-elle sa formation au DEJEPS Haut Niveau », explique Séverine Maillet, responsable du suivi socio-professionnel à la fédération.
Soldat de première classe promu au grade de Maréchal des Logis, Michaël d’Almeida « fait partie de ceux qui ont exemplairement joué le jeu », selon les mots du chef de bataillon Sentagne.

Et l’intéressé de surenchérir : « J’ai toujours été fier d’être militaire. Ma hiérarchie m’a toujours accompagné avec bienveillance, et les valeurs de l’armée me sont chères, elles m’ont servi de guide dans ma carrière sportive. Qui mieux qu’un soldat pour parler d’esprit de corps ou d’esprit d’équipe ? Qui mieux qu’un soldat connait le sens du sacrifice ? En compétition, je n’ai jamais perdu de vue le fait que mes camarades soldats se trouvaient, eux, sur un tout autre champ d’opération ! »