Garçons U19

Certes, Léo Bisiaux était attendu ce dimanche dans la course des U19. Et certes, il fut présent au rendez-vous, endossant le maillot tricolore par-dessus sa tunique européenne.

Au micro, lors de la conférence de presse d’après-course, le nouveau champion de France U19 a cependant tenu à tempérer l’enthousiasme des commentateurs. « Je ne me suis pas baladé, je n’ai pas pris tant d’avance, derrière c’était du costaud. »

Il fut presque contredit quelques minutes plus tard par ses deux dauphins.

Fantin Gloux qui dirait n’avoir « pas cherché à le suivre » et Jules Simon qui après avoir évoqué la densité d’une génération qui se tirait mutuellement vers le haut en exclurait le vainqueur du jour comme d’un revers de manche : « Lui, il ne nous tire pas vers le haut, il est trop loin devant. C’est un motif d’admiration »

De fait, quoi qu’il en dise et même si l’humilité est le fondement de toute course réussie, Léo Bisiaux a pris les choses en main d’entrée de jeu. Dans la lumière revenue qui traversait obliquement les sous-bois et inondait la façade du château, il prenait la tête dès la fin du premier tour, pour ne plus la lâcher. Dès lors, il est vrai, plutôt qu’à creuser un écart démesuré il s’appliqua à ne pas commettre d’erreur sur un circuit où il est facile d’en faire.

Le coureur du VC Riom est à l’aube d’une carrière professionnelle où il entend bien faire valoir la part du cyclo-cross, même s’il envisage des saisons plus courtes : « à partir de mi-novembre, peut-être », bien conscient des qualités de force et d’explosivité que le cyclo-cross lui permet de développer, et de leur utilité sur la route.

Pour l’heure, le leader de la Coupe du Monde ne fait pas mystère de son ambition arc-en-ciel. Réponse le week-end des 4 et 5 février à Hoogerheide.

Filles U19

Lise Klaes a gagné, enfilé son maillot, elle se pose pour la première fois sur une chaise. Le sentiment que lui inspire le titre de champion de France ? « C’est fou ! » lâche-elle après une silence, comme on renonce après avoir cherché d’autres mots. Lise Klaes savait qu’elle marchait bien, mais de là à gagner, « et à la maison », elle n’en aurait pas juré.

Un début de saison contrarié par des soucis de santé, un programme de courses un peu léger qu’elle a bien tenté de renflouer depuis début janvier en s’astreignant à une campagne de quatre courses UCI en Belgique, tout cela n’était pas suffisant pour lui permettre d’afficher ses ambitions. « Mais, précise-t-elle à propos de ce championnat de France, je savais ce que j’avais à faire. » S’appliquer, en l’occurence, et ne pas commettre d’erreurs.

Sitôt après que Célia Géry, grande favorite, eut pris la course en main, la jeune sociétaire de l’AS Tréport Cyclisme, visiblement plus à l’aise au plan technique, vint contester son autorité. «  Je lui ai mis le doute » raconte la nouvelle championne de France.

Le doute, et plus : ayant passé la coureuse du comité AURA (VC Rambertois), elle la distança du même geste. Qui plus est, Célia Géry joua alors de malchance, qu’une crevaison éloignait même du podium. C’est Julie Bégo, sa coéquipière sous les couleurs du comité qui, tout à l’énergie, la remplaça sur la seconde marche. Après un gros coup de mou au moral l’an passé, Alexandra Valade (Grand Est/UVCA Troyes) a retrouvé la joie de pédaler : elle décroche le bronze.

Elite et Espoir Femmes

C’est une lutte jusqu’au dernier souffle qui, pour le titre élite femmes, a opposé Hélène Clauzel et Line Burquier.

Sur un terrain toujours aussi délicat à négocier mais rendu plus dur encore physiquement par une boue devenue collante, la coureuse de l’AS Bike Racing a occupé la tête du début à la fin de la course, bien décidée à conquérir ce titre qui lui avait une fois de plus échappé l’an passé. « J’ai été 7 fois vice-championne de France. Cette année, je me suis dit que ce serait la victoire ou rien ! »

Il s’en est pourtant fallu de peu. Alors, qu’ayant pris la conduite des opérations, l’Alsacienne avait toujours maintenu une avance stabilisée autour d’une vingtaine de seconde, le dernier tour faillit lui être fatal. Les effets conjugués d’une erreur de sa part (« Je me suis pris un piquet dans la montée ») et de la phénoménale accélération terminale de Line Burquier l’empêchèrent « de célébrer » (sic) et l’obligèrent à sprinter. Dure loi du sport : les larmes sont sucrées pour l’une et salées pour l’autre. Cerise sur le gâteau national, Hélène partagerait la joie du podium avec sa soeur aînée, Perinne, venue décrocher la médaille de bronze. Une Marseillaise en famille.

Elite Hommes

Nos coureurs ont du talent ! Ils ont beau donner le meilleur d’eux-mêmes sans autre arrière-pensée que sportive, ils s’arrangent en sus pour que les ressorts du drame restent tendus jusqu’au dernier acte.

Clément Venturini et Fabien Doubey nous offrirent mieux qu’un mano-a-mano : du début à la fin de la course, ils ne furent rien moins que l’ombre l’un de l’autre, pendant que le fil invisible qui les liait à Joshua Dubau, long d’une quinzaine de secondes, ne voulut jamais rompre.

« Fabien m’a malmené » admettra volontiers le désormais quintuple champion de France de cyclo-cross élite. En effet, Doubey était sans conteste meilleur que son adversaire sur la partie descendante, la plus technique, du tracé, mais il ne parvint pas à se défaire de Venturini qui, quant à lui, savait disposer d’un surcroît d’énergie physique.

Théoriquement plus rapide, le coureur d’AG2R Citroën avait course gagné au sprint. Il n’attendit pourtant pas la dernière ligne droite, portant son ultime attaque sur la terre moins ferme.

Le succès retentissant, tant sur le plan sportif que populaire, de ces championnats, n’empêche pas les coureurs de regarder vers l’avenir. L’équipe de France de cyclo-cross s’apprête à se réunir en stage sous le soleil de Benidorm, en vue de porter la dernière main à la préparation pour le championnat du monde de Hoogerheide, programmé du 3 au 5 février prochains. Où les Français n’iront pas – nous reprenons les mots de Joshua Dubau – « pour faire le(s) beau(x) et passer en tête au premier tour. »

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