
À Roubaix, les jeunes pistards français font le show !
Alors que les restrictions liées à la situation sanitaire au Turkménistan ont empêché la ville d’Achgabat d’accueillir les mondiaux de Cyclisme sur piste 2021, ces derniers ont finalement été attribués à la ville de Roubaix en août dernier.
Des championnats préparés en 4e vitesse, mais qui présentent un bilan positif pour la FFC, tant sur le plan sportif, populaire qu’organisationnel, un an avant de retrouver le public français à Saint-Quentin-en-Yvelines pour les mondiaux 2022.
Les meilleurs athlètes mondiaux ont fait vibrer les téléspectateurs et le public roubaisien, venu en nombre, tout au long de ces 5 jours de compétition !
Et notamment les Français : chaque jour, au moins un athlète tricolore est monté sur le podium.
Quittant Roubaix avec 6 médailles, dont deux titres planétaires, la délégation française se positionne au 4e rang du classement des Nations. Une position logique, derrière les Allemands, les Néerlandais et les Italiens. Mais un rang que nos bleus auront à cœur d’améliorer l’année prochaine, devant leur public, misant sur leurs jeunes pépites en pleine progression. Et particulièrement celles de l’endurance, qui ont fait parler la poudre !
C’est la paire Grondin-Thomas, médaillée de bronze sur l’Américaine aux Jeux de Tokyo, qui a offert à l’Équipe de France ses deux titres mondiaux. Mais en individuel cette fois-ci, Donavan Grondin s’étant imposé sur le Scratch, et Benjamin Thomas sur la Course aux points.
Avant eux, les autres médaillés de Tokyo avaient débloqué le compteur des Français dans le Nord de la France.
Attendu dès le premier jour de la compétition, le trio de la Vitesse par équipes convoitait un nouveau métal, après le bronze des JO. Défi réussi pour Florian Grengbo, Rayan Helal et Sébastien Vigier, qui se sont sereinement hissés jusqu’en finale ! Après avoir réalisé le 2e temps des qualifications, ils récidivent sur le premier tour, et obtiennent leur ticket pour la confrontation décisive pour l’or face aux Néerlandais, jusqu’alors intouchables. Face à une équipe des Pays-Bas, qui domine la discipline et court régulièrement sous les temps du record de France, les bleus ont dû se « contenter » d’une magnifique médaille d’argent.
Pour les Pays-Bas, ce n’était que le début d’une véritable démonstration sur les épreuves de sprint.
Ils n’ont, en effet, laissé que des miettes aux autres Nations, remportant tous les titres possibles chez les hommes, par l’intermédiaire de Jeffrey Hoogland (Kilomètre) et de Harrie Lavreysen (Keirin et Vitesse individuelle), tous les deux coéquipiers de Roy van den Berg sur la Vitesse par équipes.

Jeudi, 2e jour de compétition, les tricolores se sont, de nouveau, illustrés sur une épreuve collective !
En Poursuite par équipes cette fois-ci, le scénario a été étrangement similaire au tournoi de Vitesse par équipes, les Italiens remplaçant les Néerlandais.
Constants, les Italiens ont réalisé les meilleurs temps, en qualification comme lors du 1er tour, devançant, à chaque fois, les Français Thomas Boudat, Thomas Denis, Valentin Tabellion et Benjamin Thomas.
Hélas, la hiérarchie ne s’est pas inversée en finale, les Italiens triomphant assez largement du quatuor bleu (+1’976), finalement médaillé d’argent. Une incroyable et fulgurante progression pour l’équipe de Poursuite qui tutoie les sommets et se rapproche des meilleures Nations d’année en année.
Cette médaille concrétise ce retour au premier plan mondial, 18 ans après le dernier podium français sur la spécialité (3e à Stuttgart en 2003).
Même si cette 2e place peut sembler frustrante pour l’Équipe de France, tant elle avait l’air à l’aise sur la piste roubaisienne, elle vient tout de même clôturer une journée riche en émotions !
En effet, quelques heures plus tôt, Donavan Grondin était allé chercher le premier titre de Champion du Monde de la délégation française en s’imposant sur le Scratch. À tout juste 21 ans, il endosse, pour la première fois de sa jeune carrière, le maillot arc-en-ciel au terme d’une course parfaitement négociée.
À 2 deux tours et demi de l’arrivée, il a emmené le peloton pour reprendre Gavin Hoover (USA), échappé depuis la mi-course. Mais il n’a jamais cessé son effort, en conservant les commandes et au moins un petit mètre d’avance sur ses adversaires, dans un finish à la fois ultra rapide et interminable.
Dans un STAB Vélodrome survolté, il est monté sur la plus haute marche du podium, alors que la première Marseillaise de la semaine retentissait dans l’enceinte !
La deuxième Marseillaise ne s’est pas faite trop attendre ! Dès le lendemain, le public de Roubaix a pu chanter de nouveau, cette fois-ci en l’honneur de Benjamin Thomas. Titré sur la Course aux points après une course maitrisée de bout en bout et conclue avec 20 points d’avance, il réalise un magnifique doublé, une semaine après avoir triomphé sur les Championnats d’Europe.
Le futur coureur de l’équipe Cofidis était déjà familier du maillot arc-en-ciel, après ses trois précédents sacres mondiaux (Omnium en 2017 et 2020, Américaine en 2017).
Il réalise la performance de s’imposer dans une 3e épreuve d’endurance sur la scène internationale.
Cette victoire est pleine de symboles pour Benjamin, qui est volontairement venu se frotter à l’élite mondiale sur des disciplines où il souhaite encore progresser. En effet, c’est une performance insuffisante sur la Course aux points qui lui avait coûté une médaille olympique sur l’Omnium lors des Jeux de Tokyo.
Sa magnifique fin de saison rappelle cependant tout le talent du cycliste de 26 ans, qui a encore de belles années devant lui et certainement quelques nouveaux titres mondiaux à aller décrocher.
Avec le week-end, l’ambiance est encore montée d’un cran dans les travées du STAB, alors que la jeunesse française a de nouveau assuré le spectacle ! Marie le Net (21 ans) et Clara Copponi (22 ans) ont rapporté aux bleus la première médaille féminine de ces mondiaux, se parant d’argent sur l’Américaine.
Malgré son jeune âge, le duo n’en est pas à son coup d’essai. Elles réitèrent la même performance que celle déjà réalisée à Berlin lors des Championnats du Monde 2020. Une nouvelle fois, ce sont les Néerlandaises, double-tenantes du titre, qui se sont imposées. Malgré l’incroyable énergie d’un public en feu durant la course, il aura manqué un tout petit peu de jus aux deux athlètes françaises pour aller s’imposer sur le dernier sprint (et ainsi marquer les 10 points qui leur auraient assuré la médaille d’or).
À défaut de l’emporter, elles auront fait trembler les Néerlandaises et fait vibrer Roubaix.
L’année prochaine, si elles se présentent avec le même visage et la même détermination, nul doute que les deux coéquipières du team FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope auront à cœur de s’emparer du maillot arc-en-ciel de la spécialité.
Le programme était riche, dimanche 24 octobre, journée de clôture de ces mondiaux.
5 titres étaient encore en jeu, et de nombreux Français avaient une carte à jouer. Alors que la journée s’est déroulée à guichets fermés, tout était réuni pour conclure ces Championnats de la plus belle des manières.
Si tous les bleus se sont magnifiquement battus, les résultats ont été frustrants pour certains. Comme Clara Copponi, la veille, sur l’Omnium (4e), Donavan Grondin a été à deux doigts d’accrocher un second podium.
Il termine 4e de l’Élimination, comme Marion Borras, qui manque le podium pour 3 petits points sur la Course aux points.
Heureusement, Sébastien Vigier est venu redonner le sourire à l’Équipe de France. Après avoir réalisé le 4e temps des qualifications en Vitesse individuelle, il s’est hissé, tour après tour, jusqu’en demi-finale, où il a retrouvé l’ogre Harrie Lavreysen, tombeur de Rayan Helal au tour précédent.
Sébastien Vigier a malheureusement subi le même sort que son compatriote. Mais il a parfaitement su rester mobilisé en petite finale, pour finalement remporter la médaille de bronze en trois manches.
Une satisfaction personnelle pour celui qui avait à cœur de retrouver un podium en individuel sur des Championnats du Monde, le dernier datant de 2018 (bronze sur la Vitesse individuelle).
Ces mondiaux se sont donc achevés avec un réjouissant bilan de 6 médailles pour l’Équipe de France (2 en or, 3 en argent et 1 en bronze).
Une de plus qu’à Berlin, en 2020, et un titre supplémentaire !
Après des Jeux de Tokyo en demi-teinte, les pistards tricolores se sont parfaitement remobilisés.
Plus satisfaisant encore que le bilan chiffré : le constat d’une jeunesse dorée qui a performé ! Si la marge de progression existe bel et bien, voir ces bleus capables d’aller titiller les meilleurs athlètes mondiaux offre de belles perspectives pour les années à venir ! Sébastien Vigier le sent, « l’écart se réduit. Il va falloir, je pense, encore un ou deux ans avant de le combler. ».
Pourquoi pas dès les mondiaux 2022, qui se dérouleront en octobre et à nouveau en France, à Saint-Quentin-en-Yvelines ?
La FFC tient à remercier l’ensemble des partenaires public et privés, ainsi que la centaine de bénévoles et tous ceux qui ont permis à cet évènement de voir le jour. Organiser des Championnats du Monde en deux mois n’aurait jamais été possible sans eux, qui ont répondu présent spontanément pour construire en un temps record cet événement. Une magnifique fête pour la France, pour Roubaix et le cyclisme !
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Crédit photos : Patrick Pichon – FFC